Ottorino Respighi (1879 - 1936)

Toscanini constitue un témoignage particulier, ayant connu Respighi et dirigé la première des Fêtes romaines. Au-delà de cela, l'interprétation de Toscanini apparaît comme une évidence par la fluidité, l'énergie, les tempi resserrés, mais pas précipités. Cela fait vraiment de ces partitions des pages impressionnistes, sans pour autant ressembler à une imitation de la musique de Debussy,  puis sauvage dans les Fêtes romaines. Il évite à ces œuvres de tomber dans le pompiérisme ou le kitch. A l'écoute on comprend que ces enregistrements figurent depuis leur sortie comme une référence absolue.

Svetlanov, avec les couleurs de son orchestre russe, ne propose sans doute pas la version la plus idiomatique et classique possible. Pourtant il crée des atmosphères fascinantes dans Les Fontaines de Rome et Les Pins de Rome. Les Fêtes romaines sont rendues de façon très impressionnante avec un orchestre et notamment les cuivres poussés dans leurs retranchements, vers une certaine sauvagerie, au prix de quelques couacs (live non corrigé). Dans Les Pins de la voie Appia  le long ,crescendo est poussé à son paroxysme comme dans aucune version, ce qui laisse l'auditeur sidéré. Une expérience mémorable.

Sinopoli retrouve, à sa manière, l'idiomatisme de Toscanini dans ces œuvres : les atmosphères recherchées par le compositeur sont totalement restituées et le chef sait vraiment échapper à une vision facilement cinématographique, hollywoodienne et démonstrative, voire kitsch. Le travail sur les couleurs, les harmonies est splendide, la direction est fluide, transparente dans Les Fontaines de Rome comme dans Les pins près d'une catacombe, par exemple. Il souligne également toute la modernité de cette musique, pas spontanément audible, comme dans le début des Pins de la via Appia ou dans le Jubilée des Fêtes romaines. La prise de son très réussie permet d'apprécier toute la richesse de cette orchestration luxuriante.