Hector Berlioz (1803 - 1869)
Berlioz compose la Symphonie fantastique en 1830-1832, quatre ans seulement après être entré au Conservatoire et juste après avoir remporté le prix de Rome. Il est alors marqué à la fois par les œuvres de Gluck et Spontini, mais également par la découverte de symphonies de Beethoven. Il compose donc une œuvre symphonique en 5 mouvements, à programme, qui vise à traduire des sentiments et expressions plus que des situations ou actions précises. En effet un programme littéraire, en forme d'introduction à chaque mouvement, était proposé aux auditeurs du conservatoire lors de la création avec les cinq titres suivants :
1 - Rêveries, passions
2 - Un bal
3 - Scène aux champs
4 - Marche au supplice
5 - Ronde du Sabbat
Cette œuvre est certes marquée par l'influence des compositeurs précités, mais montre d'abord le goût de Berlioz pour l'innovation, sa grande inspiration mélodique et son sens de l'orchestration. Les couleurs et mélodies sont caractéristiques de l'univers berliozien, comme on les retrouvera dans Romeo et Juliette, Harold en Italie ou ses opéras.
Il s'agit aussi d'une des œuvres les plus inspirées de bout en bout du compositeur.
Aussi, extrêmement célèbre, cette symphonie a suscité l'intérêt de la plupart des chefs d'orchestre qui ne cessent de la jouer en concert et de l'enregistrer. Il existe ainsi près de 300 versions studio et live de cette œuvre, laissant l'embarras du choix en matière d'interprétation. Et les excellentes versions ne manquent pas, depuis les célèbres enregistrements de Pierre Monteux ou Charles Munch.
Colin Davis
Concertgebow Amsterdam 1974
Il existe, sauf erreur, sept versions dirigées par Colin Davis, grand chef berliozien. L'enregistrement qu'il a réalisé avec l'orchestre d'Amsterdam est particulièrement réussi et est devenu un classique de la discographie. Même si l'orchestre est plus connu dans Mahler ou le romantisme allemand, il apporte ici des couleurs chaudes, rondes et légèrement sombres, qui sont exceptionnelles et se prêtent bien au style du chef.
La direction fait sonner les longues phrases mélodiques des mouvements I et III avec lyrisme et surtout beaucoup de poésie. Les mouvements plus dramatiques IV et V sont bien dosés, avec un réel sens du théâtre. Mais surtout il crée dans l'ensemble une atmosphère onirique et fascinante, comme un songe hallucinatoire, chaque mouvement étant marqué par une force d'attractivité et de séduction. Cette vision est aussi bien restituée parce qu'il y a la combinaison entre les couleurs spécifiques de cet orchestre avec la grande connaissance et maîtrise de ce répertoire qu'en avait le chef anglais.
Willem van Otterloo
Orchestre philharmonique de Berlin 1951
Van Otterloo est un chef d'orchestre néerlandais relativement peu connu, né en 1907 et qui dirigea près de 25 ans l'orchestre de La Haye. Il a enregistré trois fois la Symphonie fantastique. Le premier de ses enregistrements, réalisé avec la Philharmonie de Berlin, demeure exceptionnel, même si la prise de son de 1951 écrase certaines dynamiques ou manque de netteté dans les ensembles.
La direction d'Otterloo est engagée, fougueuse et le dernier mouvement, pris à un tempo parmi les plus rapides de la discographie est une course haletante vers l'abîme. Cela ne sonne ni précipité ni brouillon grâce à l'orchestre exceptionnel et virtuose.
Une version ancienne et trop méconnue, vraiment fantastique ...